Les lévriers espagnols, Victimes de rites barbares
Les lévriers espagnols comportent deux groupes, les galgos et les podencos. Dans les deux cas, il s'agit de races très anciennes (la statue égyptienne d'Anubis, Dieu des morts, a une tête de podenco sur un corps d'homme), utilisées pour la chasse et la course. La chasse au lièvre avec lévriers est interdite à présent dans la plupart des pays européens, mais, hélas, le lobby des chasseurs pèse de tout son poids pour la conserver en Espagne; de là découle tout le malheur des lévriers dans ce pays. En effet, tous les ans, les chasseurs cherchent à avoir le meilleur lévrier, le plus rapide, celui qui leur rapportera un maximum de proies, et qui flattera leur ego aux yeux des « concurrents », qui ont la même ambition…
D’où une reproduction voulue et effrénée, pour avoir un plus grand « choix », sachant que le chien jugé pas assez rapide sera impitoyablement éliminé, rejeté, et ce très vite ; cette sélection cruelle se fait chaque année , les femelles sont contraintes à une reproduction sauvage, sans soins, enfermées dans des bunkers sans lumière, et avec un minimum de nourriture et d’eau ; l’animal n’est pas « du vivant », il est un outil, sans plus ; il n’est pas identifié, pas vacciné, pas soigné en cas de blessure ou maladie ; on le nourrit à peine, selon une croyance qui veut que le lévrier chasse mieux le ventre vide (sic). Quant au « bon » lévrier, le « bon chasseur », qui court vite, son sort sera le même après l’âge de 3 ans environ, quand il commencera à ralentir ; parmi les participants à ce jeu barbare, l’animal n’est jamais dans le camp des gagnants.
La fin de la saison de chasse, fin Février, est un moment de terreur pour les organisations de Protection animale en Espagne : les chasseurs se débarrassent des bouches inutiles, qu’ils se refusent à nourrir (même très mal) en attendant la prochaine saison ; les malheureux galgos sont donc abandonnés en masse dans les perreras, sortes de mouroirs déguisés, quand ils ne sont pas jetés dans des puits ou pendus à des arbres (de préférence le plus long possible, pour que l’animal épuisé finisse par se pendre lui-même, selon la technique du « tocar el piano ») ; c’est le moment où l’on retrouve des charniers de carcasses de lévriers un peu partout, dans des grottes, dans la campagne. Bien chanceux sont ceux qui connaissent une mort rapide, par un coup de fusil par exemple ; en effet, lorsque la saison de chasse a été mauvaise, le galguero s’arroge le droit de « laver son honneur » en torturant son galgo jusqu’à la mort.
Quant au podenco, son sort est pire encore, si possible, car il n’a même pas le prestige du galgo ; il est donc né pour souffrir en permanence, sans que quiconque lui accorde un regard. Il n’est « rien », n’a aucun droit, à part celui d’encaisser les coups et la maltraitance systématique, quand on ne l’enferme pas dans des cages à poules, en attendant qu’il « serve ». Globalement, on estime à 50 000 le nombre de lévriers massacrés en Espagne chaque année, au nom de coutumes aberrantes pour notre monde moderne.
C’est ce scandale que dénoncent les associations qui œuvrent à sortir des galgos et podencos de cet enfer , et, peu à peu, des changements se produisent ; les associations sauvent à peine 10% des galgos à elles toutes ; certes c’est peu, mais pour les animaux concernés, c’est un passeport pour la vie ; on commence par ailleurs à voir des galgos adoptés en Espagne- même comme chiens de compagnie, chose impensable il y a 20 ans. Mais la balle est dans le camp des politiques, les seuls à pouvoir arrêter ce massacre inutile, et, pour l’instant, ils n’y tiennent guère…